CHSCT du Lot du 14 juin 2022 – Déclaration liminaire FSU

Monsieur le Dasen et président du CHSCT-sd 46,

Pap Ndiaye vient d’être nommé ministre de l’Éducation Nationale. Si cette nomination est un symbole, après un ministre totalement discrédité, le changement de politique éducative n’est pas prévu. Pendant les cinq dernières années, désastreuses pour le service public d’éducation, les personnels ont ainsi été méprisés, déclassés financièrement mais aussi épuisés par un manque de moyens, des réformes imposées à marche forcée et des injonctions hors sol.
Une rupture nette avec les politiques éducatives menées est non seulement nécessaire, mais aussi urgente. Pourtant, le programme du président de la République prévoit de poursuivre le resserrement sur « les fondamentaux » qui réduit l’ambition scolaire (et est dénoncé par les collègues comme lors de notre visite de l’école de Souillac), d’amplifier la mise au pas des enseignant·es comme dernièrement avec la mutation d’office de six enseignant·es de l’école Pasteur en Seine Saint Denis, de généraliser “l’expérimentation marseillaise” créant ainsi des inégalités territoriales pour les écoles, d’instaurer un salaire prétendument au “mérite” et de mettre en concurrence les personnels comme les écoles... Ces mesures augmenteraient le caractère inégalitaire du système scolaire et conduiraient également à une dégradation encore plus forte des conditions d’exercice du métier. Alors même que les enseignants sont épuisés par la charge de travail qui s’accroit sans cesse et par les 2 ans de crise sanitaire. Ce dont les personnels ont besoin aujourd’hui ce n’est sûrement pas de concurrence, mais c’est au contraire de retrouver du temps pour travailler ensemble dans les établissements et d’en finir avec le mépris de l’institution.
Le nouveau ministre devra changer de politique éducative comme de méthode et être à l’écoute des personnels. La cassure avec le ministère est illustrée dans la grande enquête du SNUipp-FSU, en partenariat avec Harris Interactive de mars 2022, où 95% des personnels ne font ainsi pas confiance à la rue de Grenelle. Nous l’observons également dans le ressenti des collègues exprimé lors de nos visites. Le nouveau ministre devra donc user d’un véritable dialogue avec les personnels et les organisations syndicales qui les représentent pour rétablir cette confiance.
Sur le plan des conditions de travail, des moyens doivent être débloqués, notamment pour répondre au décrochage des élèves pendant ces 2 années de Covid et pour une école réellement inclusive : les enseignants qui appellent au secours dans les RSST car ils doivent inclure à tout prix, mais sans moyens, doivent être entendus. Ce nombre alarmant de fiches SST de PE accueillant un enfant avec des troubles du comportement le souligne. Ces personnels signalent des comportements violents, ingérables, et une souffrance au travail les conduisant à un épuisement professionnel et un fort ressenti de ne pas être soutenu par leur hiérarchie et l’institution. Il est inadmissible de faire reposer l’inclusion uniquement sur les épaules et la bonne conscience professionnelle des enseignant-es et des AESH . Et les AESH, par ailleurs, doivent bénéficier au plus vite d’un statut de la Fonction publique et d’un salaire digne.
Plus globalement, l’école a besoin d’enseignant·es surnuméraires, d’enseignants et d’enseignantes spécialisé-es, de réseaux d’aides au complet, d’infirmières, d’une médecine de prévention, de vies scolaires renforcées... pour disposer de véritables équipes pluriprofessionnelles afin de prendre en charge tous les élèves mais aussi d’améliorer les conditions de travail des personnels. Nous vous renvoyons une nouvelle fois vers les RSST, ou vers les entretiens avec les collègues visités pour prendre la mesure de ce besoin dans notre département.
L’urgence pour la prochaine rentrée scolaire sera également de recruter suffisamment d’enseignants et d’enseignantes. Au vu de la crise inédite du recrutement en cours et de la course au recrutement des contractuels qui vient de démarrer (voir les « job dating » aussi pathétiques que médiatisés), il s’agira ensuite de prendre à bras le corps la question de l’attractivité du métier qui se pose de manière cruciale. Il n’est pas possible de faire reposer les besoins en remplacement sur les PE des écoles (à qui l’administration demande d’accueillir en plus dans leur classe les élèves sans professeur) ou les équipes disciplinaires d’un établissement (auxquelles on demande de se partager le service du collègue non remplacé en plus du leur), comme cela s’est déjà fait cette année dans notre département.

La formation continue devra également renaître de ses cendres avec de vrais moyens alloués pour ne pas renouveler chaque année le fiasco prévisible des constellations dans le premier degré. Cette année comme la précédente dans le Lot, par manque de moyens de remplacements, et malgré toute la bonne volonté des animateurs et CPD organisateurs et des enseignants y participant, le travail en constellations n’a aucunement permis de bénéficier de l’apport pédagogique attendu d’une « lesson study ». A l’inverse ce dispositif a même participé du sentiment de mépris de l’institution à l’égard des professeurs des écoles et contribué encore, s’il en était besoin, au sentiment grandissant de perte de sens de leur métier.
Une formation continue non coupée des réalités et des besoins du terrain, et sans dogmatisme lié aux lubies du ministre en place est pourtant une attente forte exprimée par les collègues comme nous avons pu le mesurer lors de notre visite à l’école de Souillac.

Concernant le nouveau bac Blanquer, les demi-journées banalisées pour la correction des épreuves de spécialité en Terminale dont le principe était revendiqué par le SNES-FSU depuis le 13 janvier, étaient indispensables. Mais l’actuelle désorganisation des examens fait peser sur les enseignants, particulièrement sur ceux de Lettres, une charge de travail inacceptable quand en plus se cumulent les corrections de BTS. Malgré les alertes remontées l’an dernier, des collègues de lettres sont de nouveau convoqués pour l’écrit ET l’oral de l’EAF, sans moyen de savoir combien de copies ils devront corriger (depuis la dématérialisation le nombre n’est plus indiqué sur les convocations…) dans un temps très resserré avant de commencer les oraux. Il n’est plus possible d’ignorer l’exposition aux risques psycho-sociaux des personnels face au stress et à l’épuisement induits par la charge de travail en cette fin d’année scolaire.
Il est urgent aussi de prévoir l’adaptation des bâtiments au changement climatique, les canicules de plus en plus fréquentes ne permettent pas de travailler dans des conditions acceptables et contribuent à la démobilisation des élèves en fin d’année.
Pour finir, un autre élément d’inquiétude avec la loi de la transformation de la Fonction publique qui va entraîner la disparition des CHSCT en tant que tel et leur remplacement par une formation spécialisée du nouveau Comité Social : cela risque d’entraîner une marginalisation des questions de santé au travail, comme c’est le cas dans le privé.
La FSU sera là pour faire entendre la voix de celles et ceux qui font l’école au quotidien, pour porter un projet ambitieux, pour une école égalitaire et émancipatrice, respectueuse des conditions de travail des agents.

Merci de votre écoute.
FSU du Lot, le 14 juin 2022

CHSCT du 14 juin

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