L'enseignement explicite est à la mode. Il est l'objet de formations obligatoires de plus ne plus nombreuses pour les professeur·e·s, sa place prend de l'importance dans les programmes scolaires et dans les manuels proposés. De quoi s'agit-il ? Quelle est la base scientifique qui le justifie ? Pourquoi une telle prétention hégémonique sur nos pratiques ? Peut-on vraiment affirmer, au nom de la neutralité scientifique, que ce choix pédagogique est dénué de toute idéologie ? Nous ouvrons un dossier spécial pour répondre à toutes ces questions. Dans cette première partie, nous allons voir qu'une confusion sémantique dangereuse est entretenue par l'institution scolaire, entre deux concepts qui n'ont rien à voir : l'instruction directe et l'enseignement explicite. Et que l'on ne peut pas s'appuyer sur la science pour affirmer l'efficacité de l'instruction directe, contrairement à ce que prétendent les autorités qui prescrivent cette méthode totalisante. Dans ce dossier, le choix de commencer par déconstruire les idées reçues avant d'apporter des nuances est volontaire : c'est une défense face à l'omniprésence de l'instruction directe.